Amor à mort
Je me suis demandé quelques courtes secondes si ce texte avait sa place ici. Je n’ai pas hésité longtemps. Oui ce texte que j’ai écrit et lu lors de la cérémonie d’adieu à mon père a plus que jamais sa place ici. Parce que c’est lui – avec ma mère – qui m’a inculqué ce goût des bonnes choses. Sans lui, sans doute que ce blog n’existerait pas.
« C’est souvent voire toujours comme ça. Il suffit de passer l’arme à gauche pour devenir un homme exceptionnel, verni des plus belles qualités, dépoussiéré de tous les défauts.
Mais toi tu n’as pas attendu de prendre la poudre d’escampette pour être reconnu comme quelqu’un de bon, quelqu’un de grand. Lorsque j’entends et je lis ces mots venant de toute part, la sincérité des gens me frappe, leur amour pour toi aussi. Quelle fierté de t’avoir comme père. Souvent tu me lançais en rigolant « tu as de la chance d’avoir des parents comme nous. » Pas habituée à fermer ma gueule je ripostais « mais c’est vous qui avez de la chance d’avoir une fille comme moi. » Aujourd’hui plus qu’hier, oui j’ai vraiment de la chance d’avoir un père comme toi.
Evidement personne n’est parfait et tu n’échappes pas à la règle. Il y a quelques années j’écrivais « Mon père ce héros, mon père ce salaud. Le tout fait la paire et y’en a pas deux. » Je sais que ça t’avait énormément blessé, tu me l’avais dit. Pourtant c’est ma déclaration d’amour à moi. Ma manière de te dire que je t’aime tel que tu es. Avec tes gueulantes, tes coups de sang, ta putain de manie de faire la gueule pour un rien.
Alors oui des travers tu en as mais bon sang quel homme tu es. Il y a tellement de chose à retenir… Ta générosité extrême envers les gens qui t’entourent. Ton parcours brillant, parti de rien et arrivé au sommet. Ta simplicité malgré l’argent. Ton respect pour tous tes collaborateurs, qu’ils soient ouvriers ou actionnaires. Ton engagement et ta dévotion dans ce que tu entreprenais. Et l’on pourrait encore tenir des heures comme ça…
Je dois t’avouer que ces derniers jours, pour la première fois de ma vie j’ai ressenti et je ressens la peur, la vraie. Peur de demain, peur de l’avenir sans toi. Peur de ne plus te revoir. Peur de sombrer. Peur que cette immense force de caractère que j’ai ne suffise pas à apaiser ma peine. Alors où que tu sois, je voudrais te demander une dernière chose : aide-moi. Donne-moi le courage d’affronter tout ça. Reste avec moi, aiguille-moi, conseille-moi, aime-moi, serre-moi fort…
Ce texte c’est aussi l’occasion de faire un aparté pour vous dire merci à tous. D’être là maintenant et demain. Merci à notre famille de sang. Merci à notre famille de cœur. Merci à Sylvie, Marion, Aurélie, Jean-Philippe, heureusement que vous êtes là. Merci à mes deux amis Alex et Marion. Particulièrement toi ma Marion sur qui je peux compter pour faire tourner la boutique comme dirait l’autre…
Et puis surtout, j’ai une énorme pensée pour toi Maman. Je t’aime très fort et je serai toujours là, quoi qu’il se passe. J’espère que je serai assez résistante pour te soutenir et t’aider dans cette épreuve.
Papa, avant de te laisser partir, je voulais te dire mille mercis.
Merci pour tout ton amour, puissant, inconditionnel et réconfortant. Merci pour cette fierté que tu éprouvais pour moi. Merci d’avoir toujours cru en mes projets. Merci d’avoir été un père présent malgré un travail prenant. Merci de m’avoir mis des coups de pieds au cul même s’ils ont pu me faire très mal. Merci de m’avoir offert la possibilité de réaliser mes nombreuses envies. Merci de m’avoir ouvert la voie, aujourd’hui toute tracée, de ma passion, de mon travail. Merci de m’avoir transmis ce caractère de con parce que c’est grâce à ça que j’arrive à faire prospérer mon entreprise. Merci car Maman et moi n’allons manquer de rien. Mais nous manquerons quand même de tout : toi.
Je t’aime. »
Magnifique et émouvant, je t’embrasse
Les relations père/fille sont bien compliquées mais ton texte est sublime, il m’a fait pleurer. Merci d’avoir partagé cette intimité avec nous, c’est très beau.
Merci de nous avoir fait partager cet amour….
C’est beau… Bon courage pour la suite.
A moi aussi tu as fais couler des larmes Moi c’est Gisèle___ je sais que dans ton coeur son resté quelques bribes de souvenirs….Le bébé…La peinture…Moi j’ai toujours garder le souvenir d’une jolie petite fille qui aimer parler avec moi… qui m’avait écrit une jolie petite lettre pour la naissance de Gabin placée dans une enveloppe avec des dessins… je l’ai toujours. Heureuse de savoir que malgré tes épreuves tu à en toi les ressources nécessaires qu’effectivement tes parents pour les avoir connus t’ont transmises . je t’embrasse Marjorie affectueusement . PS Marie-Reine et bien mon premier prénom que j’utilise à nouveau
Très beau texte d’une fille à son père, un très beau texte d’adieu. Courage Marjorie on est pas très copines, la vie fait que… Mais je suis là, je connais ça depuis presque 7 ans cette absence…. Si tu as envie de parler….. Je ne suis pas toujours très forte pour dire les choses aux gens mais je suis une oreille attentive…. Bisous
40années de réelle amitié,jamais je ne pourrai voir un barbecue de la même façon, et comme le chantait J.Brel, « maintenant ,bonDieu,tant d’années, qu’on a bien rigolé, maintenant bon Dieu, maintenant,je vais pleurer »…De tout coeur avec vous…
C’est un très beau texte et très, très émouvant. Toute ma sympathie pour toi et tes proches.