Le fantasme du souvenir
C’est dans ce grand saladier en bois que nous trempons notre gourmandise. La cuillère creuse portée à la bouche, la soupe chalet nous offre son réconfort. C’est une réunion, une communion entre appétits affamés.
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Je ne sais plus quel âge j’avais ? 5, 6 ans ? J’étais émerveillée par cette soupe à l’odeur délicieuse, cette cérémonie où tout le monde plonge sa cuillère dans le même récipient. Une espèce d’aventure incroyable pour les yeux d’un enfant. Les premiers émois des papilles. Le palais enregistre ses premiers souvenirs, ses premiers plaisirs. On découvre la délectation.
Ces morceaux de vie sont des petits bijoux. Et quand on essaye de retrouver ces sensations, impossible d’y parvenir. C’est ce qui en fait la beauté et qui nourrit le fantasme de ce souvenir. Il y a quelques années, j’ai fait des pieds et des mains pour retrouver ces effervescences de la soupe chalet, mais cette magie n’opère qu’une seule fois.
La soupe chalet est une spécialité Fribourgeoise (Suisse) à base de pommes de terre, orties, épinards, cornettes (pâtes), lait et gruyère. Elle était préparée par les armaillis, les bergers, qui ne pouvaient pas se ravitailler pendant la saison d’alpage.